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Les appareils judiciaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont annoncé l’ouverture d’enquêtes séparées contre le journaliste de la chaîne française France 24 Wassim Nasr, lui reprochant ses sources dans les milieux djihadistes et l’accusant de soutenir leurs actions au Sahel.
L’annonce de ces investigations s’inscrit dans un contexte de persistance des attaques djihadistes sous les juntes au pouvoir dans ces pays et de répression de l’expression défavorable ou critique pour ces régimes.
Wassim Nasr, basé en France et spécialisé dans les mouvements djihadistes et les questions sécuritaires, a adressé sur les réseaux sociaux « une pensée aux confrères sahéliens et à ceux qui subissent l’arbitraire de ces régimes dans leur chair ».
« L’analyse combinée des différentes interventions de Wassim Nasr sur les différents médias où il intervient laisse apparaître des prises de position et des commentaires s’assimilant à des actes de publicité et de soutien flagrant aux terroristes et aux actions des terroristes sévissant au Sahel », soulignent les parquets burkinabé, malien et nigérien dans des termes rigoureusement identiques, dans des communiqués lus mercredi soir 25 septembre sur les télévisions d’Etat respectives.
Les trois pays, confrontés à la propagation djihadiste et à des crises multidimensionnelles profondes, sont alliés depuis un an dans une confédération des Etats du Sahel après avoir rompu avec la France et s’être tournés vers de nouveaux partenaires, dont la Russie, sous les militaires qui y ont pris le pouvoir par la force depuis 2020.
Les parquets invoquent des interventions de Wassim Nasr à la suite de la double attaque qui a fait des dizaines de morts dans les rangs des forces de sécurité maliennes à Bamako en septembre et qu’ont revendiquée les djihadistes affiliés à Al-Qaida. Le parquet burkinabé argue de ses informations sur une attaque qui avait fait des dizaines de morts civils en novembre 2023 à Djibo, dans le nord du pays. Ils lui imputent d’avoir été en contact avec les djihadistes qui lui communiquent, selon eux, leurs objectifs, leurs positions ou le bilan humain de leurs opérations.
Les faits visés par les enquêtes sont « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complicité d’acte terroriste et apologie du terrorisme », précisent-ils. Ils affirment leur volonté de mettre « hors d’état de nuire » les auteurs de ces faits.
Les militaires au pouvoir dans les trois pays ont suspendu des médias français, dont France 24 et Radio France Internationale (RFI). Les correspondants d’un certain nombre de médias étrangers ont été contraints au départ, à l’exil ou au silence faute de pouvoir travailler.
Les journalistes continuant à couvrir la situation au Sahel malgré les difficultés d’accès à l’information font souvent face sur les réseaux sociaux aux attaques des partisans des juntes qui les accusent de complicité avec les adversaires des régimes militaires ou de trahison.
France 24 dénonce les graves accusations, dénuées de fondement, portées par les trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) contre son journaliste Wassim Nasr. « Ces procédures judiciaires marquent une étape supplémentaire dans les entraves à la liberté de la presse dont sont victimes les confrères locaux et les médias internationaux dans cette zone, qualifiée de “trou noir de l’information” par Reporters sans frontières dans un rapport publié en novembre 2023 », souligne le communiqué de la chaîne.
Le Monde avec AFP
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